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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 09:42

Par Yann Saint-Sernin

 

Des dizaines de particuliers portent plainte contre la BNP Personal Finance, s'estimant victimes de prêts indexés sur le franc suisse qui se sont révélés toxiques.

 

L'épineuse question de la parité entre l'euro et le franc suisse ne faisait jusqu'alors pas partie des tourments quotidiens de Thierry (le prénom a été changé). Mais pour ce commercial résidant à Villenave-d'Ornon (Gironde), la crise a changé la donne. « Au mois d'août, lorsque le franc suisse s'est envolé, j'ai passé quelques nuits blanches », confie-t-il, désabusé.
Si, tel un financier averti, Thierry porte aujourd'hui un oeil compulsif et inquiet sur les taux helvétiques, c'est qu'en 2009, il a cru faire une bonne affaire. Le produit auquel il a souscrit, estampillé BNP Personal Finance, s'appelait Helvet Immo. Le principe ? Un prêt en francs suisses, remboursable en euros. « Les meilleurs taux du marché », lui indiquait alors son conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGPI). Mais la crise a jeté quelques grains de sable dans l'horlogerie présentée comme inoxydable de la parité euro/franc suisse. Révélant du même coup la vraie nature du prêt prétendument miracle : « Un produit hautement volatile et toxique ! » peste Thierry.  

Collectif de 300 « victimes »

 

Car, avec l'effondrement de l'euro, la bonne affaire a viré à la catastrophe. « J'ai emprunté 190 500 euros en 2009. Par le jeu des taux de change, même si je rembourse depuis deux ans, mon capital restant dû est aujourd'hui de 237 000 euros. Au lieu de baisser, il a augmenté de 47 000 euros », s'insurge le commercial. À l'instar des désormais fameux emprunts toxiques distribués sans vergogne par Dexia aux collectivités, Helvet Immo devrait rapidement connaître son heure de gloire. Un collectif annonce avoir réuni 300 « victimes » de ce produit dans toute la France. « Je vais devoir vendre ma voiture pour rembourser. Je ne peux plus emprunter pour ma résidence principale. Je n'ai pas signé les yeux fermés. Mais le courtier m'a affirmé que l'opération était tout à fait neutre », assure Henrick Ponce, un représentant du collectif.

L'avocat du collectif, Me Charles Constantin-Vallet, annonce avoir déposé 60 plaintes contre la BNP et les intermédiaires auprès du TGI de Paris. 50 autres devraient suivre. Toutes mettent en cause le défaut d'information sur les risques encourus par les contractants. « Je ne suis pas un financier. On ne m'a pas expliqué les risques. J'ai simplement voulu faire une opération de défiscalisation immobilière pour payer les études de mes enfants. Aujourd'hui, l'argent que j'espérais gagner s'est transformé en dette », s'étrangle Thierry.

 

 

« Pas l'idée du siècle »

 

« Ce produit n'était peut-être pas l'idée du siècle », reconnaît unporte-parole de la BNP. « Dès que la crise est arrivée, nous l'avonsstoppé. Entre 2008 et 2009, tout le monde le trouvait intéressant. Deplus, il n'a pas été vendu directement par la BNP Personal Finance,mais par des intermédiaires que nous avions parfaitement informés
« Le client ne peut être en mesure de comprendre le contrat de 40 pages en le lisant. Tous mes clients ont reçu le même argumentaire, qui ne ventait que les qualités du produit sans mentionner les risques. Tout m'indique que ça ne pouvait être qu'organisé par la BNP, soit par incompétence, soit en toute conscience. »
   
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commentaires

A
Très bonne idée, bonne travail.
P
Merci pour l'article