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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 21:24
Emprunter en francs suisses et rembourser en euros pour bénéficier d’un taux de financement attractif afin d’investir dans l’immobilier locatif de type Scellier, permettant d’être défiscalisé. C’est la proposition alléchante faite en 2009 à un Montilien de 54 ans, père de trois enfants dont une étudiante, qui a sauté sur l’occasion et acheté un appartement près de Lyon. Pourquoi se refuser un petit pécule à la veille de la retraite ? La (fausse) bonne affaire a été concrétisée par une filiale de BNP Paribas : Personal Finance. Ce Montilien, qu’on appellera Rémi*, a donc contracté avec cette banque un crédit immobilier de 213 100 € en francs suisses sur une durée de 21 ans et 6 mois. Son notaire s’était montré sceptique après avoir épluché le contrat : « Il m’avait dit qu’il n’y comprenait rien. Mais moi je travaille dans l’Éducation nationale, je ne suis pas dans la finance… » Alors il a fait confiance, d’autant qu’il connaissait le type ayant concocté l’offre. Deux ans et demi plus tard, Rémi est pris à la gorge : il rembourse 1 441 € par mois, perçoit 670 € grâce à la location de son appartement… mais le montant qu’il doit à sa banque ne cesse d’augmenter. Au 20 janvier 2012 , il doit 271 948 €, soit 20 % de plus que le montant emprunté ! Le responsable, c’est le taux de change. Rappelez-vous, Rémi rembourse en euro un crédit en francs suisses. Or, la violente crise économique que l’on traverse depuis 2008 a dévalué l’euro et provoqué une augmentation forte et rapide de la somme due par Rémi. « Qu’en sera-t-il dans neuf ans ? » s’alarme le Montilien voyant la crise durer, comme les 300 membres du collectif “Helvet immo” et les quelque 4 000 particuliers ayant réalisé ce type d’opération. Certains ont porté plainte, d’autres tentent de trouver un arrangement amiable avec la banque. Une seule alternative : le remboursement anticipé BNP Paribas Personal Finance** affirme dans les médias proposer de transformer le crédit en euro. Une option qui conviendrait à Rémi. Pourtant, plusieurs recommandés et appels téléphoniques plus tard, la banque refuse toujours cette conversion. La seule alternative proposée à Rémi le 3 février dernier est un remboursement anticipé de l’intégralité du crédit. Soit, avec les frais de change et les indemnités, la coquette somme de 277 474,11 euros. « Il faudrait que je vende ma maison de Montélimar », conclu Rémi, abattu. Joël AUDRAN * Le prénom a été changé, la victime souhaitant préserver son anonymat. ** Contactée mercredi 15 février, BNP Personal Finance n’a pas donné suite.
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